Sept milles deux cents secondes
voilà ce qui s’égraine
pendant que je purge la peine
des cerveaux qui grondent ;
un peu moins de deux heures
maintenant, pour aller chercher la rédemption blême
d’un cerveau de flemme
jeté à la bête immonde.
A vingt milles kilomètres à tire d’aile
dans un autre hangar qui fait se ressembler
ouvriers chinois et étudiants couleur des blés
la bête immonde fabrique des montres à la pelle.
Plus de cinq milles grains
sont encore à choir
sur les bonnes poires
qui grattent avec entrain ;
une heure et demie pour niveler le terrain
encombré par les corps
pleins d’échec et de remords
recrachés par la bête-montre-en-main.
De l’autre côté du globe
la bête produit des moissonneuses à la chaîne
qui de leur trotteuse, battront sans haine
des champs de blés en pantalon ou robe.
Toujours un sot de sable
au-dessus de notre goût pour la science
de notre curiosité, envie, patience
un saut pour les ensevelir, c’est inéluctable ;
plus qu’une heure de course-poursuite
(de surmenage, d’évanouissement, de vomissement
de peur, de mort des cœurs, de dépassement)
derrière une rédemption qui prend sa tombe comme point de fuite.
Ici et là-bas, la bête immonde se cache
dans l’urgence et la pauvreté des rimes
elle accélère le mouvement et on la mime.
La bête vit d’entropie et de gâche.
C’est fini
ça l’a toujours été
le compte-à-rebours n’était que l’illusion
de la rédemption, clé de la liberté
les choses qu’on croyait être sont enterrées
et dans l’espace ainsi préservé
les grains qui jadis tombaient
peuvent à présent pousser
sans se presser.
1 Contexte :
Petit poème rédigé au cours du final de RR01 lundi 23 juin 2014, de 8h à 10h, à la Halle des Sports.
45min après le début de cet examen, un étudiant derrière moi tombe par terre, inconscient. Puis, il se met à murmurer des choses incompréhensibles, il ne réagit toujours pas aux interventions des professeurs. Il vomit.
Passées 10min, il reprendra conscience et sortira de la Halle des Sports avec l’aide de deux personnes. Le final était infaisable. Il paraît que le niveau de la promo est bon ce semestre, alors le prof avait annoncé la couleur… Pourtant, le temps d’évaluer la situation et de réaliser qu’il ne me servait à rien de perdre du temps à tenter quoi que ce soit pour ce final impossible, le compte à rebours de 2 heures, de 7200 secondes pris pour moi une toute autre couleur. Voici une copie de ce que j’ai rendu au professeur.
Télécharger la version word: tract 44 Compte-à-rebours
la version pdf: tract 44 Compte à rebours