A bas LA Recherche !

Pour une réappropriation des domaines de connaissances

 

Il semble aujourd’hui difficile de s’opposer à LA Recherche. Toute critique de cette dernière se verra renvoyer l’argument des fruits déjà existants de la Recherche (toutes les technologies dont on dépend aujourd’hui) et celui des prouesses que potentiellement la Recherche scientifique nous réserve à l’avenir. Ces deux arguments tirent leur légitimité de la soi-disant « neutralité de la science ». Ce qui passe pour une vérité fait pourtant appel à la sensibilité et à la morale : le fait d’évoquer tous les enfants malades que la recherche médicale a permis de soigner est plus une tentative de persuasion qu’un argument scientifique.
La croyance en la neutralité permet de transformer des problématiques d’ordre politique (ayant trait à l’organisation sociale donc critiquable) en problématiques d’ordre moral. En acceptant que la Recherche puisse être neutre, on perd tout moyen de la remettre en question, elle ou ses conclusions.
Critique de la neutralité :
Différents éléments nous permettent de remettre en question la neutralité de la science (et de la Recherche) : la démarche dite scientifique consistant le plus souvent à morceler un problème en de multiples problèmes isolés plutôt que de le penser dans sa complexité (1) ; la spécialisation (biologie, mathématiques, sociologie…) qui précède et résulte de la démarche scientifique ; la formation des scientifiques et les objets de recherches, influencés par le contexte politico-économique et donc par les promoteurs et financeurs de certaines visions de la science, de la technique et de la recherche ; le filtre d’analyse personnel en raison duquel pour un même phénomène deux scientifiques peuvent avoir deux interprétations différentes.
Les recherches aujourd’hui :
Engluées dans une logique entropique (2), elles sont moins indépendantes que jamais. Au service de l’innovation, quelle qu’elle soit tant qu’elle est rentable, les recherches actuelles sont de plus en plus coûteuses, ce qui accélère d’autant leur intégration dans l’économie de marché qui seule peut créer les déséquilibres financiers nécessaires à leur financement. La Recherche se repose sur le mythe du progrès : toute découverte améliorerait notre quotidien, tôt ou tard.

Ce que nous entendons par la suppression de LA Recherche :
Nous réfutons l’idée selon laquelle la « Connaissance » (celle de l’humanité) ne ferait que grandir à mesure que la Recherche « avance » : certaines connaissances se perdent ou sont moins approfondies (anthropologie, politique, agriculture paysanne…) quand des connaissances techniques et industrielles prennent de plus en plus de place, concentrent de plus en plus les moyens alloués aux recherches. Un choix politique dans l’orientation de la Recherche est effectuée par les financeurs (Etats, entreprises, banques, actionnaires).
Ainsi ce que nous remettons en cause c’est la finalité de la Recherche actuelle, que ce soit : la rentabilité, la multiplication des activités militaires, le développement d’un contrôle social (fichage internet, ADN, prévention situationnelle en urbanisme, etc.) ou simplement le développement technologique perpétuel.
On opposera à ce positionnement que la Recherche n’est qu’un outil indépendant de la manière dont on l’utilise. En attendant, toute nouvelle trouvaille fournit du pouvoir à celleux qui la brevettent, qui ont les moyens de l’utiliser ou savent se l’approprier.
Des exemples pour contredire l’hypothèse de « l’outil indépendant » :
– De nouveaux antibiotiques développés dans une entreprise soumise à l’industrie pharmaceutique peuvent créer de nouvelles maladies, parfois plus dangereuses que celles que l’on cherchait à soigner. (3)
– Les recherches en neurobiologies influence directement le traitement judiciaire de certaines personnes criminelles (occultant bien souvent les parts de construit social ou psychologique impliquées dans les mêmes affaires).
Réappropriation de la connaissance, qu’est ce qu’on veut ?
On l’a vu, la connaissance est multiple et ce qui a été compartimenté doit être retissé ensemble, « recomplexifié », afin de lutter contre la décontextualisation des recherches, contre leur neutralisation et leur dépolitisation. Car le politique appartient au peuple quand le « neutre » appartient au scientifique sans conscience. Pour cela, reconnectons les recherches à leurs applications, motivons-les par les besoins du peuple et non plus par ceux du système militaro-économique qui en est actuellement le principal bénéficiaire. Une réappropriation individuelle de la connaissance semble impossible mais collectivement nous pouvons élargir ses champs et enrichir un réseau de recherches parallèles à LA Recherche. D’autres sociétés sont possibles !

 

(1) Introduction à la pensée complexe, Edgar Morin.
(2) Transposition de la 2ème loi de la thermodynamique à l’activité humaine : « dans un système clos, l’énergie transformable en énergie mécanique ne peut que diminuer, le désordre de peut qu’augmenter » en d’autres termes la croissance infinie est illusoire, les ressources naturelles ne peuvent que s’épuiser dans le système actuel.

(3) Un médecin reçoit 3 représentants de l’industrie pharmaceutique par jour en guise de « formation continue ». Pourquoi j’ai quitté l’industrie pharmaceutique, Norma Fidel, 2008.

 

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Version pdf: Tract 59 A bas la recherche

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Un autre monde est possible

Vous allez le voir, ce tract alterne passages argumentés et passages poétiques en vers, sans liens explicites entre chaque. Cet aspect fragmentaire est volontaire, il a pour but de libérer l’imagination et les alternatives politiques et sociales. Keskekoi !? Ce tract prend sa source dans l’idée qu’avant de comprendre, nous avons tous besoin de croire. Croire en un dieu, croire en la science, croire en l’économie de marché, croire en la démocratie, croire. Et la croyance, dont on ne fait en aucun cas le procès dans ce tract, se doit pourtant d’être conscientisée pour ne pas être dogmatique. Aujourd’hui, le fonctionnement économique capitaliste et le système politique partisaniste sont forts de la croyance de nombreuses personnes en eux, mais savons nous encore interroger ces systèmes ? Arrivons-nous à penser en-dehors de ces « dogmes » ? A cette dernière question je voudrais que nous puissions répondre « oui », d’où ma volonté de libérer l’imagination et les alternatives politiques et sociales, de surprendre par une forme non scientifique, à l’incomplétude affichée. Car c’est aussi l’un des défauts de notre société actuelle du « tout tout de suite », elle nous fait croire en l’existence de vérités absolues, indiscutables, objectives, qui soient accessible à l’homme et à la femme. Pourtant les « piliers » de notre société sont loin de correspondre à cette description, à l’image de nos médias (de masse), touche-à-tout et superficiels, de notre éducation, compartimentée en domaines étanches (scientifique, politique, artistique, social, historique), de notre rapport au temps, en perpétuelle accélération, morcelé. Ainsi, avant de comprendre le vivant dans son entièreté, c’est-à-dire en considérant toutes ses composantes simultanément (biologique, mécanique, sociale, psychologique…), nous choisissons bien souvent de privilégier une grille de lecture crédible dans notre environnement. Pour parler de l’évolution par exemple, des écoles aux Etats-Unis s’appuieront sur les théories créationnistes, d’autres en France utiliseront Darwin, on pourrait imaginer en faire de même en se basant sur les travaux de Strauss ou de Marx.

Mais ceci n’est qu’une introduction qui présente la démarche de ce tract, et ne compte pas réviser l’ensemble des théories humaines. Elle permet au contraire de présenter les pages qui suivent comme lacunaires, discutables, morcelées, subjectives (comme tout savoir produit par la femme ou l’homme d’ailleurs). Ce tract est une invitation au dialogue et au rêve d’un autre monde.

Lis !

Lis et dis-leur que le monde est en train de brûler

Parle-leur des villes

verticales

bâties sur un état de droit pâle

écroulé

Parle-leur des multinationales

des tapis rouges des marchandises

et de l’humanité en exil

Lis et raconte le gaspillage et la famine

les vautours de l’agriculture :

aux mauvais hommes les bonnes mines

Et raconte les paysans qui se serrent la ceinture

Demande-leur ce qu’ils comptent faire

Confronte-les aux questions qu’ils évitent

Dis-leur que l’acceptation c’est l’enfer

et que c’est d’un enfer qu’ils héritent

la solution c’est les autres

parce que notre bateau

c’est la société, et elle coule

Ca aussi il faut leur dire !

déjà plus qu’un radeau…

le huis clos c’est notre égo.

Mais lis ne t’arrête pas !

Lis-leur un extrait de leur vie de riche

Et fais-les pleurer si tu y arrives

Puis joue-leur une vie riche

Et fais-les jouer dans leur dérive

Et lis

Lis,

parce qu’ils ne m’écouteront pas

parce que pour eux je suis une méduse :

quatre-vingt-dix-huit pourcent d’eau

qu’ils voudraient faire passer sous les ponts

mais qui s’y arrête dormir

et des brûlures.

 

La division entre la droite et la gauche est-elle adroite ?

Aujourd’hui, l’économie semble précéder la politique, à tel point que les discussions sur le modèle économique sont devenues marginales, c’est-à-dire rarissimes voire sources de stigmatisation. La crise économique notamment, a fabriqué l’illusion du consensus selon lequel tous les « enfants de la France » doivent travailler ensemble pour que le pays s’en sorte. Celui ou celle qui n’est pas d’accord est un tire-au-flanc. On ne peut ainsi plus parler de lutte des classes, puisque nous sommes tous unis dans un effort commun. Cet effort commun, c’est le néo-libéralisme qui nous y a conduit tout en remplissant les poches des nouveaux aristocrates et il est pratiqué aussi bien par la droite que par la gauche. Le clivage droite-gauche ne sert qu’à différencier deux pans de la population sur la question du mariage homosexuel. En aucun cas il ne permet de questionner le sens des mots tels que « libéralisme » ou « socialisme ». L’élitisme économique (fait que seuls les économistes seraient légitimes pour parler d’économie) relayé par l’élite politique (leaders politiques élu.e.s pour penser la politique à notre place) provoque le désengagement politique des citoyens, puis leur désenchantement (politique toujours), pour aboutir bien souvent à un antipolitisme primaire (« tous des pourris ! ») dont les médias font leurs choux gras. Le clivage droite-gauche, manifestement en panne d’imagination, nous pousse à la résignation et les comportements antipolitiques qui se développent sur fond de fatalisme assurent la victoire des nouveaux aristocrates.

Mais l’économie n’est pas seule responsable, la confusion des partis a aussi pu s’installer grâce au combat sémantique qui s’est déroulé silencieusement ces dernières décennies. Des termes comme « communisme », « anarchie », « écologie » ont été soit entachés des préjugés soit détournés, récupérés au profit de nouvelles terminologies libérales. Ainsi, le communisme est aujourd’hui automatiquement associé au Stalinisme ou au régime nord-coréen, l’anarchie est utilisée pour parler d’anomie et l’écologie est associée au développement durable. Alors que le caractère totalitaire d’une pensée économique unique passe complètement inaperçu, les altermondialistes deviennent ou bien des hippies qui veulent changer le monde avec des fleurs, ou bien des révolutionnaires sanguinaires cocktail Molotov en main. Dérangeant, le Front National semble réussir ces temps-ci à voler aux autres alternatives le drapeau de la protestation anti UMPS, s’extrayant du marginalisme politique en surfant sur la vague de l’isolement, de l’exclusion, de la haine. Mais que sont devenus les trotskistes de l’époque où le communisme faisait encore 20% aux élections nationales ? Où sont passées les idées des étudiants de mai 68 ? Depuis quand les brasseries, les pelouses, les universités ne sont plus des lieux de débats, des lieux de vie sociale et politique ?

Copenhague

On l’a fait

notre monde de perfection

dans quelques années les grues seront toutes parties

et la ville ne sera plus qu’une photographie

une carte postale prétentieuse

qui se prend pour de l’Art

parce que certains voient

dans les feuilles des maigres arbres

et les éclats de l’eau clair

la patte d’un impressionniste

parce que d’autres s’imaginent

vivre dans ces buildings

comme dans un Picasso.

Mais la vérité

ne se laisse pas voir comme un tableau dans

un musée

la vérité se cache

derrière des ares de tags politiquement corrects

derrière des oies qui se promènent comme des canards

derrière des rêves de campus à l’américaine…

Oui une mèche de cheveux mauve

sur un crâne rasé

oui une parcelle d’utopie pour

les rêveurs

de la poussière bien à sa place

sur des chaussures de ville

et des talons de quinze centimètres aux commandes

d’un vélo-remorque

oui le camion de bières qui flâne dans les rues

oui l’abolition de l’urgence

le dub électro, le no hard drugs, le végétarisme. Pourtant.

Pourtant un joli mur de brique

détruit, déconstruit même

pourtant des segways énergivores

jurant fort dans le décor

comme le tonnerre réclamant la foudre

pourtant des joggeurs

un cardio à la place du cœur.

La vérité c’est que l’ambition a déserté la ville

la seule vision qu’il lui reste

Copenhague la garde au fond d’un miroir.

La vérité attend l’ambition de sa découverte.

Et que font les enfants rois ?

Ils grandissent. Les rois sont morts

vive les rois !

Et Christiania ?

Elle prend le large sur son étang

pauvre folle nombriliste

trouillarde

avec juste assez d’air pour que les chiens et les gosses

s’amusent.

Voici l’avenir ! etc.

De la résignation à l’indignation

« Être citoyen, ce n’est pas vivre en société, c’est la changer ». Augusto Boal

Résignés. Persuadés de notre impuissance à faire bouger les choses, effrayés à l’idée d’être marginalisés par une société morale (voire moralisatrice) et non éthique ou politique, nous nous résignons à son fonctionnement. Certes, les luttes existent à l’instar de la ZAD de Notre-dame-des-landes ou de la zone humide du Testet, de la ferme des mille vaches ou du tunnel Lyon-Turin, mais rien de comparable (médiatiquement en tous cas) avec la mobilisation des manifs pour tous. On passe davantage de temps à suivre l’évolution de la cote de popularité de Manuel Valls qu’à essayer de comprendre ce que cache le TAFTA. Nous sommes trop occupés à étudier, travailler, faire fonctionner la machine économique avant qu’elle ne s’écroule sur nous (comme en 2008) ou qu’elle ne nous roule dessus (comme elle le fait déjà avec les intérimaires, chômeurs, smicards, intermittents, etc). La société a son image de la bonne famille, elle a aussi son image du bon citoyen : il travaille, il produit de la richesse économique ; l’économie s’occupe du social. Les chômeurs, retraités, handicapés deviennent des parasites dont on cherche à négocier les droits à la baisse sous la pression des honnêtes travailleurs qui œuvrent à un monde meilleur. Après tout, à quoi bon protester pour protester ? C’est perdu d’avance, non ?

Non. Parce que nous avons encore le droit de dire non. Parce que le conflit n’est pas la guerre, il est nourrissant politiquement, idéologiquement. Parce qu’Hitler a été élu par les urnes. Parce que le silence nous isole encore plus et que s’indigner c’est déjà s’exprimer.

 

Bobby

Bobby est un pantin.

Il vit à Paris

prend le métro tous les matins.

Bobby voit sa vie

défiler

mais Bobby ne voit pas les fils

de sa vie

Bobby est un pantin

mais Bobby nie :

pas le pantin de l’Eglise

pas le pantin con des Portes

le pantin du CAC

des banques

le pantin des fidumaniacs

en manque

mais Bobby ne voit pas les fils

de la Bourse,

sans Défense

Bobby s’égare

du Nord.

 

De l’indignation à la révolte

S’indigner haut et fort c’est la solution de facilité ? Marre des anti-touts qui ne proposent rien ? Heureusement, en libérant la parole, nous libérons aussi les idées, nous voyons que nous ne sommes pas seuls et nous créons de nouveaux champs des possibles. S’indigner c’est accepter de prendre la pilule rouge (voir ou revoir Matrix), il n’y a pas de retour possible, c’est sans doute ça qui nous fait peur. Alors une fois que c’est fait, à chacun de choisir son mode d’action, son mode d’expression. Moi j’ai rencontré Malika.

 

Malika

Si ce n’est toi, Mal

c’est ta poésie qui tombe du ciel

et cent fois elle aurait pu se faire mal

mais toi tu t’excuse pour elle

« Vous est-elle tombé sur la tête ? »

Sans doute oui

j’ai mal à mes lunettes

et je vois le monde avec mes ouïes

quand tu déclames tes vers

au laid milieu des contre tous

un petit morceau d’envers

comme l’ourlet des égos qu’on retrousse.

 

Version Word téléchargeable: tract 58 Un autre monde est possible (final)

Version PDF: tract 58 Un autre monde est possible

 

 

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2nd rasage

Jeudi 18 juin au petit matin, les espaces verts ont été missionnés pour déterrer toutes les plantes (sauf quelques pieds de tomates). Ils ont aussi retiré le composteur, le panneau, etc.

Une incohérence exigée aux salariés des espaces verts, une volonté de contrôle total de l’équipe de P Marini. Une occasion pour nous de mettre un cinquième panneau pour dénoncer un peu ses agissements.

La pétition est toujours d’actualité:

https://www.change.org/p/phillipe-marini-maire-de-compi%C3%A8gne-non-%C3%A0-la-destruction-du-jardin-sauvage-2

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1er rasage

Les bords de l’Oise ont été rasé ce vendredi 29 mai, le jardin avec (partiellement, ils ont laissé tout de même pas mal de choses qui poussaient, et les graines sont restés!), tout ce qui dépassait ayant été retiré. Des ordres ont surement été donné par la mairie, étant donné qu’il y a un mois des gens travaillant dans les espaces verts nous avaient dit que ça ne les dérangeait pas et qu’ils ne voulaient pas le détruire.

Nous comptons bien continuer ce petit bout de jardin. On a donc remis un 4 ème panneau et continué les petites parcelles.

Notre pétition est à 250 signatures, accessible ici:

https://www.change.org/p/phillipe-marini-maire-de-compi%C3%A8gne-non-%C3%A0-la-destruction-du-jardin-sauvage-2

Sinon y a des articles sur nous:

-Un blog: la gazette du compiègnois

-article jardin sauvage courrier picard

article les jardiniers hors la loi dans le colimateur de la police municipale

Juste au dessus de l’article ci-dessus, il y a un autre article titré: « Cyrille Corbineau, numéro 1 de la police municipale de Compiègne ». Un article qui met beaucoup en valeur la police municipale de Compiègne …

article des jeunes cultivent l'art du partage oise hebdo

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Guerilla gardening : Betterave, Chou-rave, gard’àv

« Dégradation de l’espace public ». Voilà l’épitaphe que devrait porter un jardin collectif public selon la police municipale de Compiègne.

Ce jardin, monté par un collectif informel (relayé par les escargots solidaires) se situe sur une platebande le long de l’Oise (sur le quai du clos des roses). Il semble d’une nocivité totale pour les pouvoirs publics de Compiègne.

jardins sauvages 1Pourtant :

-Il est biologique et sans mécanisation

-Il remplace les herbes hautes et les orties d’un lieu non utilisé. Du moins il veut s’intégrer dedans car l’idée n’est pas de détruire les fleurs sauvages comme peut le faire une tondeuse à gazon

-Il recueille le soutien des passants et habitants aux origines sociales multiples. En peu de temps une dizaine de passants y ont proposé leur aide, du matériel, des graines, un peu de temps, et des sourires.

– Il n’a obtenu que des avis d’encouragement. L’illégalité, au vu de ce que cette action apporte, sans grande prétention (légumes, activités, convivialité, repas partagés,…), n’avait pas l’air de choquer la population.

 

Mais il s’agit là d’un délit d’une très grande gravité qui mérite une « verbalisation de 1500 euros d’amende pour dégradation et occupation de l’espace public, et publicité non déclarée » (on a mis un panneau pour indiquer ce qui était effectué sur le lieu).

Dégradation ? De la terre a été retournée, des herbes coupées, des morceaux de bois posés, des fleurs plantées, des graines semées, voilà ce qui est considéré comme une dégradation.

Occupation ? On a ouvert au public un lieu qui était auparavant inaccessible à tous.

jardins sauvages 2A côté de cela :

Mettre du béton partout, urbaniser toujours plus de terres arables, autoriser et subventionner une agriculture intensive chimique, légaliser et valoriser la vente de pesticides/herbicides, construire des villes où les voitures sont reines et obligatoires pour se déplacer, pouvant librement rejeter leur particule, vendre la ville à des grandes chaines de commerce … Tout ça n’est pas de la dégradation de l’espace public.

Et la police municipale est là pour verbaliser le jardinage sauvage. Ce qui dérange c’est que cette activité ne soit pas sous approbation et contrôle de la mairie ou de la préfecture.

« Compiègne ville impériale » porte bien son nom, tout ce qui n’est pas sous l’autorité de notre maire ne peut exister.

Pour agir la police a fait pression sur deux jardiniers présents lorsqu’elle passait en les portant responsables de la totalité de ce qui était fait, alors que c’est tout un collectif qui a construit ce jardin.

En attendant le collectif ne compte pas abandonner. D’autres jardins fleuriront. Une pétition de soutien a été lancée afin de commencer le bras de fer pour que ces activités puissent perdurer.

jardins sauvages 3Vous pouvez signer la pétition par ici:

Vous pouvez la signer en allant sur notre blog ou sur ce lien :

https://www.change.org/p/phillipe-marini-maire-de-compi%C3%A8gne-non-%C3%A0-la-destruction-du-jardin-sauvage-2

Tract maquété, version modifiable: tract 57guerilla gardening, betterave, chou rave, gard’av

Version PDF: tract 57guerilla gardening, betterave, chou rave, gard’av

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Jardins sauvages

Cette fois les escargots partent à la conquête de contrées plus verte. Notre plus gros jardin se trouve en face de la mosquée de Compiègne (ou de l’atelier TN04). L’objectif est de reconquérir l’espace public et de pouvoir se réapproprier la vie collective sans avoir recourt à la bureaucratie: des mois d’attente pour être reçu, pour pouvoir exposer un projet avec des dossiers de 20 pages pour expliquer qu’on veut planter des radis. Mieux vaut passer à l’action, pour de simples légumes.

Voilà notre fonctionnement: occuper de plantes/légumes un lieu inoccupé. On ne dérange personne. A Compiègne il y a 600 hectares de pelouse, pourquoi les laisser à des tondeuses à gazon? Relocaliser l’agriculture afin de trouver la souveraineté alimentaire est donc possible.

Donc plantation d’éléments comestibles où n’importe qui peut venir se servir sa tomate, sa courge ,c’est aussi faire confiances aux gens. On ne peut être volé puisqu’on donne à qui le souhaite. Peut être ce qu’on a fait sera détruit, par des passants, c’est le risque, ces berges leurs appartiennent autant qu’à nous. Autre risque: la police municipale nous attaque, c’est une possibilité qu’il se sente légitime d’effectuer, on est de simples individus, elle pense représenter l’ordre.

« Là où rien est à sa place, c’est le désordre. Là où à la place voulue il n’y a rien, c’est l’ordre » Dialogue d’exilés, Berthold Brecht

En attendant arrêtons avec tous ces murs et barbelés qui fragmentent le monde.

Si rien ne pousse, nous aurons au moins fait germer de chouettes rencontres riches d’échanges. Comme le nombre incalculables de passants nous félicitant « de voir que des gens se bougent le fion » ou de s’apercevoir que « cela fait 36 ans qu’on n’a pas vu ça. »; « De mémoire de Compiégnois je ne pensais pas voir ça un jour », les gens s’arrêtent, parlent de l’oppression, certains nous aident en donnant  des plants, des graines, ou jardinent avec nous, bricolent et créés des motifs artistiques : du « land-art ». Car en effet le jardin est un espace de convivialité et d’échanges, mais aussi d’expression artistique, d’expérience où l’on peut s’exercer sans subir un licenciement pour faute grave. Le jardin est un espace de liberté ouvert à tous où tout devient possible.

La plupart des espaces publics gratuits ne servent qu’à la mobilité. On limite les bancs, on ne met pas de toilettes publiques et surtout pas d’activités collectives, celles-ci peuvent tomber sous le coup de rassemblement illégal. La plupart des lieux de rencontres existants sont orientés dans des milieux clos qui obligent à la consommation (cinéma, bars, restaurants,…). A côté on emploie une tripoté d’individus pour supprimer les squats et tout ce qui est hors de contrôle de la préfecture/mairie.

On espère sortir de ces schémas.

Réutiliser la terre, retrouver des savoir faire jardiniers, produire sans engrais chimiques, sans mécanisation, sans agriculture intensive, prendre son temps, tout un programme.

 

Alors venez récolter les légumes mûrs, venez jardiner avec nous. Et si par hasard vous nous voyez, casser la croute, jouer, ou jardiner, hésitez pas à vous joindre à nous!

Pour plus d’infos, vous pouvez vous rendre sur le site des incroyables comestibles : http://www.incredible-edible.info/

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Adieu le code du travail, bonjour le code de vie

La loi Macron ? Une loi qui s’adresse aux notaires, aux candidat.e.s au permis de conduire, aux entreprises d’autocars… ? Oui. Mais pas que. C’est surtout la dernière arrivée des lois gouvernementales[1] « pour l’emploi ». C’est un concentré de dérégulation, de privatisation et de précarisation qui s’attaque férocement au droit du travail.

nous voulons un boulot de merdeLa période de « crise » que nous traversons pourrait donner à réfléchir sur notre modèle économique : 1 % de la population mondiale détiendra 50% des richesses mondiales en 2016 si on ne change rien. Pourtant, Macron propose de continuer dans la même direction, tête baissée et de favoriser toujours plus les grandes entreprises du CAC 40. Un amendement avait d’ailleurs été glissé dans le texte de loi qui porte son nom pour favoriser le secret des affaires et la confidentialité des transactions financières. L’amendement a été retiré suite au tollé des journalistes mais une proposition du même acabit, plus sournoise peut-être, car officiellement développée pour enrayer l’espionnage industriel, est cependant en train d’arriver devant le Parlement européen.

Pour le reste, la loi a été adoptée à l’Assemblée en faisant usage de l’article 49.3 de la Constitution[2] qui permet à un gouvernement de faire passer une loi sans vote tout droit au Sénat !

Concrètement, qu’est-ce qu’on lui reproche à cette loi ?

La première chose c’est qu’elle propose des mesures sur tous les domaines possibles et imaginables (allant comme on l’a dit du permis de conduire aux notaires en passant par l’actionnariat salarié et l’urbanisme) : c’est un joyeux fourre-tout. Du coup, il n’y a plus d’unité parmi les opposants parce que chacun défend ce qui semble l’atteindre le plus directement.

Justice du travail

La seconde, c’est qu’elle s’en prend vraiment au droit du travail. En commençant par ses fondements : 1804. C’est cette année là qu’on a reconnu le déséquilibre qui existe entre employeur.euse et employé.e et que l’on a établi la nécessité d’un contrat entre les deux parties pour réglementer leur rapport. Ce que la loi Macron propose, c’est de nier le rapport de force au sein de l’entreprise. Le contrat devient une  »convention » entre deux personnes considérées comme égales. Cela signifie qu’en cas de litige, un.e employé.e ne pourra plus brandir ledit contrat de travail pour faire valoir ses droits, on lui proposera de recourir à un arrangement « à l’amiable », ce qui est en faveur de l’employeur.euse.

Concernant les litiges, la loi ne s’arrête pas là puisqu’elle touche également au conseil de prud’hommes et entend réformer la justice du travail. Ce qu’elle propose, c’est une normalisation de la législation, c’est-à-dire d’établir une typologie des peines et de les classifier. Le prétexte : accélérer le traitement des affaires. Les juges n’ont en effet plus qu’à les ranger dans telle ou telle catégorie sans rentrer dans les détails d’un procès. Ca permet surtout à l’entreprise d’estimer le coût d’un litige avec un.e employé.e pour s’y préparer en considérant les futurs dépenses et dommages que cela pourrait lui causer.

La loi prévoit aussi la  »requalification » du délit d’entrave. Le délit d’entrave est reconnu quand une entreprise porte atteinte au droit syndical d’un.e ou de plusieurs employé.e.s. Jusqu’aujourd’hui, il était passible de prison. Avec la loi Macron, l’entrave n’est plus reconnue comme un délit et le risque pénal n’existe plus. Il devient tout au plus un tord sanctionnable par une amende dont le montant se veut  »dissuasif ». Mais quel montant est réellement « dissuasif» pour une entreprise multimillionnaire qui accroît chaque année ses bénéfices ?

Actionnariat salarié

Autre élément : l’actionnariat salarié, ou le fait de distribuer des actions dites  »gratuites » à ses employé.e.s. Sur les plaquettes, le but est de faire participer les employé.e.s à la vie de l’entreprise, de les faire se sentir impliqué.e.s mais également de leur faire bénéficier des dividendes et des bénéfices de l’entreprise. La réalité, c’est que sous couvert d’une distribution à tou.te.s les salarié.e.s, les fameuses actions sont déductibles des impôts. Mais qui en profite et en dispose ? Pas seulement les employé.e.s bien sûr, les cadres dirigeant.e.s aussi et dans des quantités bien supérieures… « Les conseils d’administration des entreprises du CAC 40 ont voté, en 2014, l’attribution d’actions gratuites pour un montant de 6,4 milliards. Et, dans l’immense majorité des cas, à leurs cadres dirigeants les mieux payés » »[3]. On peut également rappeler qu’une entreprise dont le capital est partagé entre des actionnaires rémunère toujours en premier lieu celles.ceux qui ont le plus d’actions.

En parallèle le salarié, devenant actionnaire de sa propre entreprise, en devient bien plus dépendant. Pour lui, ça n’augmente en rien sa part de décision dans l’entreprise (rien à voir avec des statuts du type SCOP ou SCIC[4]), puisqu’il y aura toujours des actionnaires majoritaires pour choisir la politique de l’entreprise. Cependant il devra s’impliquer davantage dans l’entreprise s’il ne veut pas se faire voler par celle-ci en plus de se faire exploiter. L’actionnariat des salarié.e.s est individualisant, ce sont leurs sous qui sont dedans et qu’ils.elles doivent défendre. L’entreprise exerce une pression pour que les salarié.e .s participent à son capital, qu’ils.elles fassent la preuve de leur investissement dans leur entreprise. On est bien loin d’une réflexion sur l’autogestion[5] de l’entreprise, le bien être ou notre place dans la société.

Extension des journées travaillées au dimanche

Si on poursuit… la loi permet également aux commerces d’augmenter le nombre de dimanches ouverts dans l’année et d’étendre les horaires d’ouverture le soir. A-t-on besoin d’acheter des pâtes à 22h30 ? Du parfum à 23h ? Et surtout qui le vend ? La loi Macron évoque le volontariat des employés. Le volontariat de ces mêmes employés dont les situations professionnelles (travail à temps partiel ou horaires de travail hachés dans la journée pour s’adapter au flux de clients) sont des exemples de précarité ?

bd travail le dimancheL’argument des heures majorées est souvent avancé mais il faut savoir qu’aucune compensation salariale n’est prévue dans cette loi pour les entreprises de petite taille et on peut mettre en doute son application dans les plus grandes. Le risque c’est qu’à terme, le dimanche devienne un jour travaillé comme les autres. Alors, il ne sera plus concevable pour les employé.e.s de ne pas travailler ce jour, d’autant plus que cela touchera toujours les emplois les plus précaires.

Quelles finalités pour le travail le dimanche ?

On peut d’autant plus se questionner le « projet de société » que cela implique : les magasins ouverts les dimanches. A-t-on envie de ça ? L’opportunité de consommer tous les jours et toujours plus ? Au détriment d’ailleurs de celles.ceux qui ne peuvent pas le faire puisque elles.eux travaillent (dans les magasins ou dans les usines) et ne disposent donc pas de leur journée libre. D’un côté, cette loi détruit les droits du travail, de l’autre elle considère les gens comme des travailleurs/consommateurs constants.

Pourtant la fermeture des gros commerces permet notamment de se concentrer sur autre chose : un être humain ne se définit pas par son potentiel à consommer ou à travailler, le dimanche c’est un jour de repos, il est collectif et il est l’occasion de se tourner vers des activités éloignées des logiques du marché.

Et puis… pourquoi travailler plus ? Pour accroître une production déjà trop importante, inutile et des dividendes disproportionnés ? En 1919 on applique la journée de 8h après 70 ans de revendication. Depuis, aucun progrès social, on remet même en cause les 35 heures. La mécanisation de la production a pourtant permis de doubler notre niveau de production entre 1965 et 2000.

Aujourd’hui, certain.e.s défendent les 30 heures de travail par semaine[6]. Le collectif Bizi soutient l’inutilité de travailler plus d’une heure par jour.[7] L’idée n’est pas de remettre en cause toute activité humaine, ce que l’on entend ici par « travail » c’est ce que le collectif qualifie de contraint et socialisé[8].

Alors, organisons-nous en contre-pouvoir et faisons pression sur le patronat et le gouvernement pour qu’ils reviennent sur cette loi scélérate. A l’appel de CGT, FO et Solidaires :

Tous en grève, jeudi 9 avril, 13h. Manifestation à Paris.

Des cars partiront de Compiègne, se renseigner auprès de la CGT Compiègne ou FO.

[1] Voir l’Accord National Interprofessionnel (ANI) et la règle d’or.

[2] La dernière fois que l’article 49.3 avait été utilisé c’était Villepin qui l’avait dégainé en 2006 pour faire passer la réforme du CPE en force.

[3] Extrait du Canard Enchaîné du 28.01.15

[4] Société Coopérative et Participative et Société Coopérative d’Intérêt Collectif

[5] Des réflexions sur ce sujet sur la brochure : Autogestion et hiérarchie sur infokiosque

[6] http://www.bastamag.net/Des-economistes-allemands

[7] Travailler une heure par jour, Collectif Bizi

[8] Le travail que l’on ne fait pas pour soi (pour de l’argent ou pour son épanouissement personnel) mais que l’on doit faire pour l’ensemble de la société.

 

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La ferme des 1000 vaches, kesako ?

Il s’agit d’un projet d’exploitation de 1000 vaches laitières et 700 veaux dans la Somme, à 130 km de Compiègne. C’est une ferme-usine assortie d’un méthaniseur sur 8500 m². L’idée est d’y produire de façon industrielle et intensive du lait, de la viande et du biogaz (méthane).

L’enjeu de la ferme des 1000 vaches est de taille : faire rentrer dans la normalité ce genre d’exploitation. Cela permettrait de créer un précédent sur lequel les lobbies pourront s’appuyer afin que ces pratiques se généralisent. Il n’existe en effet pas encore d’exploitation de cette taille en France. Cette première étape d’augmentation de rentabilité cache cependant bien des vices :

Conditions de vie des vaches : On peut bien sûr parler de l’élevage en batterie et du passage à l’abattoir dont on ne cesse de faire la critique : les veaux nés de l’industrie du lait passent les huit premières semaines de leur vie seuls dans des cases individuelles souvent à peine plus grandes qu’eux et parfois sans litière. Ils sont nourris de lait entier, de lait en poudre reconstitué et d’aliments composés. Ces veaux sont ensuite généralement élevés en batterie. De plus, ils sont volontairement anémiés pour que leur chair soit claire afin de répondre aux habitudes des consommateurs. Alors que les bovins ont une espérance de vie d’au moins 20 ans, les vaches laitières sont généralement tuées au bout de cinq ans. Après une moyenne de 2 ou 3 vêlages et une production de lait intensive, épuisées, malades, blessées ou stériles, les vaches sont conduites à l’abattoir : presque la moitié de la viande de bœuf provient des vaches laitières.

Mais parlons aussi de cette production intensive de lait : si le lait coule à flot c’est parce qu’à partir de leurs 2 ans et tous les 12 mois environ, les vaches laitières sont inséminées artificiellement et donnent naissance à un veau. Sélectionnées génétiquement pour produire toujours plus de lait, une vache produit aujourd’hui en moyenne 8 400 litres de lait par an soit 3 fois plus qu’en 1950. Cette sélection pour les intérêts de l’Homme entraine des espèces animales fragilisées et souffrant d’autant plus. Pendant leur grossesse, les vaches laitières continuent à être traitées. Conséquences de cette surexploitation : mammites (infections des pis) et boiteries très courantes, troubles métaboliques et de la fertilité.

1 mois et demi après l’arrivée de 400 vaches laitières dans cette ferme, 7 étaient déjà mortes !

Médicaments : On l’a vu, la promiscuité et les conditions de vie des vaches en règle générale les rendent fragiles et souvent malades. En parallèle on administre de nombreux traitements médicamenteux préventifs que l’on retrouve dans le lait et la viande.

Alimentation : 50% de l’alimentation du bétail français provient de cultures OGM d’Amérique du Sud, abondamment traitées aux pesticides. L’alimentation des vaches est composée de : 25% de foin, 25% de tourteaux de soja, 50% d’ensilage de maïs. Il faut en tout 40kg de nourriture/jour/vaches. Les cultures qui nourrissent nos vaches participent à la déforestation et à la stérilisation des terres de la forêt Amazonienne. Ainsi pour la production de l’alimentation du bétail des pays du Nord, les multinationales agroalimentaires s’accaparent ces terres des pays du Sud, favorisant ainsi les problèmes de souveraineté alimentaire.

Déjection : Il est prévu d’épandre les bouses sur 3000 ha (=superficie des 12 premiers arrondissements de Paris). Cela constitue une pollution majeure des nappes phréatiques.

Projet subventionné : Etant donné que la ferme-usine fait de la méthanisation (objectif affiché de 1,5MW), elle sera subventionnée en tant que productrice d’« énergie renouvelable ». Ces subventions permettront d’inonder les marchés de lait (production prévue de 8 millions de litres/an). Par le jeu de la concurrence, on détruira ainsi les fermes actuelles pour généraliser ce modèle. Sans ces subventions, le prix du lait ne serait pas si avantageux.

Tout s’industrialise pour augmenter la rentabilité. Le corps de la vache ne fait pas exception. L’augmentation perpétuelle de la taille des fermes s’accompagne d’un esprit de transformation de l’animal en simple machine. Pour faire accepter cette logique, des théoriciens capitalistes de mauvaise foi avanceront en premier lieu les arguments du prix, de l’emploi et des conditions de vie des animaux. Arguments que nous venons justes d’invalider.

Une fatalité ?

Le législateur a donné à la ferme des 1000 vaches l’autorisation actuelle d’avoir 500 vaches laitières. Seulement 500 grâce aux luttes déjà existantes, mais déjà 500. Seule une mobilisation importante pourra empêcher l’augmentation de la taille de cette structure, voire permettre la destruction de celle-ci. Déjà des laiteries refusent d’acheter le lait de cette ferme, des individus manifestent, même se lancent dans des opérations de désobéissance civile (démontages sur le site) pour se voir ensuite refuser toute considération de la responsabilité collective d’un tel acte. A coup d’amendes et de peines de prison, la « justice » prend le parti de décourager les luttes actives, preuve s’il en est que la mobilisation citoyenne, peu importe sa forme, a le pouvoir de bousculer la logique actuelle du profit.

Version modifiable: tract 55 vf 1000 vaches

Version pdf: tract 55 1000 vaches

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Belo Monte, un désastre écologique

stop belo monte

Au fin fond de la forêt amazonienne, sur le Rio Xingu se profile un engin de destruction massive. Son nom : Belo Monte. Son rôle : « produire de l’énergie propre »… Enfin… propre. Tout est une question de point de vue. Quelques mots clé pour présenter le débat? Exploitation de minerais, émission de 112 millions de tonnes métrique de C02. Manque de ressources pour les populations locales. Ami Larousse, que dis-tu ? Propre : « Qui est honnête, qui est irréprochable moralement ». C’est ce que je disais, nous n’avons pas tous la même définition.

Imaginez… un barrage, le 3e plus grand du monde, construit par le Brésil pour former un lac de retenue de 1225 km² et fournir 15000 W pour un coût de 11 Milliards de dollars selon le gouvernement et 516km², 11000W et entre 19 et 30 Milliards selon les faits. Prétendant au titre du barrage le plus inefficace, ce gouffre financier supporté par le gouvernement brésilien aura une moyenne de production de 39% sur l’année !

chantier belo montePourquoi une si faible efficacité ? Tout simplement à cause de la nature même du fleuve Rio Xingu, le plus irrégulier des grands affluents de l’Amazone. Le débit, très irrégulier, peut en effet être multiplié par 15 entre période de crue et période de basses eaux.

Rivière dite « à eau claire » (c’est à dire translucide et au pH compris entre 4.5 et7.5), le Rio Xingu est aussi un biotope particulièrement accueillant pour les plantes et autres êtres vivants directement menacés par le projet de barrage. Selon une étude récente, ce ne sont pas loin de 819 types[1] de poissons qui courent le risque de disparaitre des eaux brésiliennes, sans compter les 30 à 40% d’espèces inconnues. Espèces dont certaines sont très fortement endémique de bassin particuliers et le Rio Xingu n’échappe pas à la règle. Si la productivité est fonction du nombre d’espèces mises en danger, on peut comprendre que ce Belo Monte soit le rêve des investisseurs.

Mais le véritable rêve, ce sont les autochtones qui le vivent, dont la parole est portée par le Cacique Raoni. En voie d’extinction, menacés de famine et d’acculturation ils sont ceux que l’on ne veut pas voir dans cette joyeuse entreprise. Loin d’être les sauvages idiots que nous présentent les médias, ils représentent la vie de la forêt amazonienne, ayant au fil des ans, réussi à en tirer le meilleur sans lui faire subir le pire.

Mais que faire quand une minorité dérange ? La détruire. Ainsi non content de détruire l’environnement amazonien, le projet de barrage a provoqué un déchirement du tissu social dans la région d’Altamira[2] et une augmentation sans précèdent des actes de violence, provoqués par les déplacements de populations dus aux travaux, sans oublier la répression violente envers les manifestants qui luttent contre le projet. On compterait selon le CIMI pus de 1700 actes de violences dont 60 assassinats envers la communauté autochtone qui ont couté la vie à certains des plus fervents défenseurs des droits des peuples d’Amazonie.

évengélisation

Et ça ne s’arrête pas là ! Au beau milieu du chantier les esclaves ouvriers travaillent dans des conditions horribles. Horaires, insalubrité, peur et traitements inhumains sont tant de motifs aux grèves qui émaillent les travaux. Résultat : Licenciement de plus de 200 ouvriers en 2011 et répression musclée de 7000 autres en 2012.

Répression ? Oui mais par qui ? Et c’est là que le bât blesse…Par l’état brésilien qui se fait le complice de ce théâtre de l’horreur dans l’indifférence de l’ONU qui préfère se bander les yeux plutôt que de freiner un projet si ambitieux, symbole de la croissance et de la réussite d’un « nouveau pays développé ».

Mais fermer les yeux, c’est une chose, prendre part à ce désastre, c’en est une autre. Cela n’a pourtant pas l’air de gêner nos chères entreprises françaises comme GDF Suez[3], Alstom, et EDF. Soutenues activement par l’état français, actionnaire à 32.34% de la première et à 85% de la dernière, nos fiertés nationales « adhérant à la norme ISO 14001[4] », entendent bien tirer profit de ce projet taché du sang des opposants et cancer du poumon de notre Terre.

pare belo monte

[1] http://www.ihu.unisinos.br/entrevistas/34546-belo-monte-e-o-risco-de-extincao-dos-peixes-do-xingu-entrevista-especial-com-paulo-buckup

[2] Selon Antonia Melo, porte-parole du Mouvement Xingu Vovo Para Sempre

[3] Couronné en 2010 comme entreprise la plus irresponsables en matière d’environnement

[4] La famille ISO 14000 répond à cette question en traitant de divers aspects du management environnemental. Elle donne des outils pratiques aux entreprises et organisations qui souhaitent identifier et maîtriser leur impact sur l’environnement, et constamment améliorer leur performance environnementale

 

Tract maquété V modifiable: Tract 54 Belo Monte

Tract V pdf: Tract 54 Belo Monte

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Mujica, le « président le plus pauvre au monde »

« José Mujica » : Ce nom ne vous dit peut être rien, car sa notoriété, bien que largement répandue en Amérique du sud, n’est pas telle dans le contient européen et particulièrement en France. Il a été élu président de l’Uruguay en 2009, et son mandat a pris fin le 30 novembre 2014.

MujicaL’idée de ce tract n’est pas de faire un éloge idyllique de ce monsieur mais de montrer une autre figure qu’un président baignant dans la bourgeoisie et l’opulence. Cela ne veut pas dire que nous soutenons cette république sans critique, d’autant plus que nous n’avons pas abordé les rapports de force en jeux. Nous ne croyons pas, dur comme fer, au besoin d’avoir un leader. En attendant, son parcours reste un contre exemple intéressant à propos d’alternatives au « Pouvoir » existant, qui est souvent basé sur de la politique politicienne, de l’élitisme, et qui suscite le désintérêt générale de la société pour la chose publique.

En guise de contexte : au cours du XXe siècle l’Uruguay adopte toute une série de réformes sociales sur des thèmes aussi variés que l’abolition de la peine de mort, l’autorisation du divorce, l’assurance santé et la nationalisation de nombreux services publics. De fait, sur un continent où l’Église catholique continue de jouir d’un pouvoir considérable, le petit État laïque coincé entre deux géants — l’Argentine et le Brésil — fait office de précurseur en matière de politiques sociales. « [Cette Église] n’a jamais été très forte en Uruguay et a perdu de son influence au XIXe siècle»[1].

« Pepe Mijica » est communément présenté comme le «  président le plus pauvre du monde » notamment à cause de son maigre revenu, il lègue 87% de son salaire mensuel équivalents à 9400 euros à diverses associations. Il adopte également un style de vie simple et modeste, perçu par certains de ses détracteurs comme assez rustique et indigne d’un véritable leader politique : Il vit dans une ferme, loin du luxe du palais présidentiel (qu’il a par ailleurs inscrit sur la liste des refuges pour les sans abris lors des

inondations qu’a subies le pays en 2012) , n’hésite pas à se déplacer en bus, assiste à des sommets internationaux en vielles bottines et sans cravate, loin de l’excentricité des costumes de chefs d’état dont seul le prix pourrait avoisiner le PIB d’un pays sous développé africain.

Lorsqu’on lui demande les raisons de ces privations, il rétorque qu’il a apprit à vivre humblement et à se contenter de ce que lui offre la vie. Il réalise ainsi une critique profonde du consumérisme en faisant l’apologie de la sobriété et en adoptant un choix de vie basé sur une certaine forme d’épicurisme[1]. Il déclare « On m’appelle le président le plus pauvre, mais je ne me sens pas pauvre. Les pauvres sont ceux qui travaillent uniquement pour avoir un style de vie dépensier, et qui en veulent toujours plus… »

A l’instar de Nelson Mandela, il fait partie de ces rares anciens détenus politiques, (Ex- guérilléro des tupamaros, enfermé à cause de son militantisme exacerbé) qui ont su, malgré la souffrance subie lors de leur enfer carcéral, poursuivre le combat de leurs idées et à les concrétiser. L’atypisme de Mujica ne vient pas uniquement de son style de vie exotique et de sa philosophie que l’on peut qualifier d’originale. Il faut également saluer ses compétences du point de vue politique. En l’espace de quelques années seulement, le pays a connu des bouleversements au niveau législatif, social et économique. Il a ainsi connu de véritables réformes progressistes.

  • En 2012, le Parlement vote la légalisation de l’avortement.
  • En décembre 2013 l’Uruguay adopte la loi sur la légalisation du cannabis. Il devient ainsi le premier pays où la production, la consommation, et la vente sont entièrement légales et encadrées.

Quoi que l’on pense de ces réformes, Mujica a su faire fi des compromis ambigus, bien trop présents en politique, et qui permettent de plaire à tous et à personne à la fois, plongeant la société dans l’attentisme et le mécontentement général.

Tract téléchargeable .doc: Tract 53 Mujica Vf

Tract version PDF: Tract 53 Mujica le président le plus pauvre du monde

 

[1] San Román au sujet de l’identité uruguayenne

2L’épicurisme, comme courant de pensée philosophique, tend à limiter les désirs qui sont insatiables et vains, comme peut l’être l’amour des richesses matérielles ou le besoin de consommation qu’on ne peut assouvir.

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