Squat ta ville !

Ce tract relate les propos de Gildas lors d’une interview informelle concernant son expérience de vie en squat politique.

Tout d’abord, qu’entends-tu par le mot « squat » ?

Le squat c’est occuper une habitation, un lieu, qui légalement est la propriété de quelqu’un d’autre. Ensuite ce qu’on y met derrière peut prendre plein de formes différentes. Nous, on a ouvert des squats à portée politique, mais ça pourrait être pour des raisons purement financières ou pour ouvrir un lieu d’expression artistique. Le squat, c’est s’approprier des lieux clairement inutilisés et souvent totalement vides pour y habiter.

 Qu’est-ce qui t’a amené à tenter la vie en squat ?

Au départ, c’était juste quelque chose de purement pratique. J’avais envie de vivre en dépensant peu d’argent. Quand j’ai découvert qu’on pouvait ne pas payer un loyer tous les mois, j’ai rejoint des potes qui démarraient une histoire dans ma ville.

 Quelle sont les portées politique de ce mode d’action ?

Au début c’était surtout un moyen de se décharger financièrement, mais c’est vite devenu un espace de revendications puisque j’ai rencontré des gens qui m’ont permis de me rendre compte de certaines réalités sociales et politiques d’aménagement et de gentrification urbaine [NDLR : la gentrification est un phénomène d’enrichissement d’un quartier qui modifie son profil social et économique, excluant les classes sociales inférieures]. J’ai rencontré des gens qui m’ont permis de voir ces critiques et ainsi de mener une existence plus politique et d’avoir envie, du fait d’être en ville et de squatter, de répandre des idées. Le squat m’a permis de m’organiser pour lutter.

 Habiter en squat permet d’avoir un lieu où l’on peut plus expérimenter, parce que y’a pas de proprio, parce que y’a pas de loyer… Tu peux plus facilement réapprendre à aménager ta vie par toi-même et non plus le laisser à des spécialistes par manque de temps. Typiquement par le bricolage, les ateliers de réparation de vélos, la plomberie, l’électricité, les cuisines collectives à prix libre…

 Concernant les espaces privés, possédés par un particulier ou la mairie, ce qui nous intéresse c’est de rendre visible leur inutilité effective. C’est pourquoi on décide d’y habiter et d’en faire des lieux de vie pour porter une critique de l’aménagement antidémocratique de la ville par le pouvoir en place, de l’individualisation de nos vies, de la spéculation immobilière… Cette critique ne se fait pas par les urnes mais par nos existences même. C’est aussi ça ce que je revendique.

 Dans les politiques urbaines actuelles, la mairie rachète des maisons dans certains quartiers pour les détruire, alors qu’elles sont encore habitables, pour en faire des nouveaux quartiers complètement aseptisés et sous contrôle. D’ailleurs ils sont souvent éco-quelque chose mais évidemment hors de prix pour beaucoup de personnes. C’est pour un autre modèle que je lutte.

A propos de l’organisation collective, quelle différence avec une colocation ?

Comme je l’ai déjà dit, il n’y a pas le côté loyer. Après, on pourrait exactement reproduire les schémas d’organisation des colocations classiques, mais de part le fait que l’on se soit construit une culture politique anarchisante, on s’organise un maximum pour construire des relations non-marchandes. On fait de la récup’ de bouffe dans des poubelles, on met en commun notre argent, on discute de notre fonctionnement collectif par assemblée générale… Le fait de gérer notre emploi du temps nous permet d’être plus ou moins rythmé-e-s par une vie militante commune. On ne partage pas seulement un toit, nos vies sont plus étroitement imbriquées, notamment du point du vue affectif.

 Après, dans les différents squats que l’on a ouverts, tout le monde ne pouvait pas forcément « squatter » à l’improviste. On était les habitants de ces lieux qui devenaient notre propriété d’usage parce qu’ils étaient vides et qu’on se sentait légitimes de les habiter.

Squatteur un jour, squatteur toujours ?

Ben, pas vraiment puisque aujourd’hui je vis en coloc’. Après, ça renvoie à la question d’avant. Le squat c’est pas uniquement un lieu de vie, et le mode de vie que j’y ai appris, squat ou pas, m’influence toujours beaucoup. Et puis le squat ne concerne pas que des endroits habitables. Par exemple aujourd’hui je m’oriente plus vers l’agriculture, et il est possible que je sois amené à squatter des terres inutilisées.

 

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-pdf:tract 39 squat ta ville

-Doc: tract 39 squat ta ville

 

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