Sang-gêne

Les menstruations, longtemps incomprises, ont été associées à des pouvoirs maléfiques ou considérées comme sacrées, maladives ou impures, selon les croyances. Les préceptes des différentes religions ont grandement participé à cette image négative du sang menstruel. La Bible déclare d’ailleurs : « le flux menstruel est une malédiction qui se transmet de fille en fille ». Les règles seraient la punition des femmes pour avoir péché. Pas évident à accepter, le fardeau, avec de tels jugements…

Aujourd’hui, même si ces superstitions peuvent persister (dans la religion Hindoue, une femme « indisposée » n’est pas censée rentrer dans les temples), les menstruations relèvent davantage d’un passage obligé, douloureux, sale et surtout tabou. On est donc passé d’un phénomène impur et maléfique à quelque chose de dégueulasse et honteux, quelle avancée… De plus, l’aseptisation progressive des menstruations ne fait qu’amplifier ce dégoût du sang menstruel. A titre d’exemple la superbe invention du tampon avec applicateur : même plus besoin de toucher à ce sang impur (et tant pis si ça signifie toujours plus de plastique jeté).

L’origine des menstruations est maintenant comprise, mais leur manifestation est de plus en plus dissimulée. Les évolutions sont telles que les menstruations ne sont plus un frein à aucune activité ; des pilules contraceptives et stérilets les font même disparaître. Est-il si méprisable d’être femme pour que nous en refusions les manifestations ? Bien entendu, il est confortable d’avoir le choix. Mais la culture du jetable considère le flux menstruel uniquement comme un objet de profit, et c’est tout une compréhension de son propre corps que la femme perd.

La commercialisation des serviettes et tampons hygiéniques jetables date d’un peu plus d’un siècle. A leur début, les protections périodiques se présentaient sous la simple forme de bandelettes de tissu en fibres de coton. Ensuite, les industriels se sont emparés du marché de l’hygiène intime féminine : la course à la matière la plus absorbante a rendu les produits de plus en plus sophistiqués.

Composition des produits menstruels… Secret défense !

Aucun fabricant n’imprime sur les boîtes la composition de son produit. Alors quoi, la femme n’a pas le droit de savoir ce qu’elle s’introduit dans le vagin ? Composés de produits synthétiques, les serviettes et tampons contiennent tout un tas de produits chimiques : gel « super-absorbant », additifs de parfum, traces de dioxine (issu du blanchiment)… Le corps ne sachant pas s’en débarrasser accumule ces toxines nocives pour la santé.

Produits coûteux

Au cours de sa vie, une femme utilise en moyenne 10 000 à 15 000 produits menstruels, correspondant à une consommation mondiale annuelle de 45 milliards de produits hygiéniques. Un sacré marché de 2 milliards de dollars américains entre les mains de trois principales multinationales (Procter & Gamble, Johnson & Johnson et Kimberly-Clark). Outre leur coût, évidemment non-remboursé, il faut 500 ans à tous les produits hygiéniques (plastique, colle, produits chimiques…) pour se dégrader. Produits que l’on retrouvera dans les sites d’enfouissements et les incinérateurs.

Les alternatives écologiques

Des alternatives aux tampons et serviettes hygiéniques existent. Elles sont beaucoup plus écologiques, moins chères et nous rendent plus indépendantes des industriels :

– Coupe menstruelle : coupe souple en forme de cloche fabriquée en caoutchouc ou silicone que l’on porte dans le vagin et qui recueille le sang. D’une contenance supérieure à celle du tampon, elle doit être vidée et rincée à l’eau claire (prévoir sa bouteille d’eau !) pendant les menstruations et stérilisée à l’eau bouillante entre chaque cycle. Elle est utilisable pour une dizaine d’années.

coupe menstruelle– Serviette lavable : utilisée exactement comme les serviettes jetables, elle est fabriquée en coton biologique ou en flanelle (il est possible de la confectionner soi-même). Lavable à la main ou à la machine, elle a une durée de vie de 5 à 10 ans.

– éponge de mer naturelle : taillable sur mesure et biodégradable, elle se porte comme un tampon. A rincer lorsqu’elle est pleine, sa durée de vie est d’environ 6 à 8 cycles.

 

Tract téléchargeable, Version pdf: tract 38 Menstruation

Version modifiable: tract 38 menstruation VF

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