ambiances sécuritaires

De quoi avons-nous peur ?

Nous avons tous le droit d’être et de nous sentir en sécurité. Il est même possible que les premières sociétés humaines se soient structurées autour du besoin de pouvoir dormir en paix.

En revanche, l’humain n’est pas un être rationnel. Ce dont nous avons le plus peur est rarement ce qui est le plus dangereux pour nous. De tout temps les peurs ont été utilisées pour manipuler les masses.

Nos grands-parents ont vécu la propagande, la construction d’un erable keufennemi fédérateur. Notre génération baigne dans la peur du terrorisme islamique, des épidémies de grippes mutées, des violeurs récidivistes et des casseurs des banlieues. Avec les progrès de l’ingénierie sociale, nos émotions sont de plus en plus finement utilisées, à des fins politiques ou commerciales.

Pour se rassurer, les parents veulent pouvoir joindre leurs enfants par téléphone à tout moment, les citoyens que les criminels soient recensés sur des fichiers, les citadins que des caméras de vidéosurveillance quadrillent la ville.

Conçus pour rassurer, ces dispositifs n’améliorent pas mécaniquement la sécurité effective : ce sont des petits pansements techniques sur des problèmes sociaux. De plus cette sécurisation contient de nombreux risques pour les libertés collectives et individuelles.

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Le fichage ADN de masse s’est mis en place. Les lois LOPPSI I et II permettent aux services de police de lire nos mails en toute quiétude. Les professeurs des écoles ont pour mission de ficher les élèves dès la maternelle (fichier base-élèves). Les fichiers de police se multiplient et l’informatique rend trivial leurs croisements.

« L’Etat qui sait tout de vous » est un classique des romans de science fictions. C’est une contre utopie tellement forte qu’elle nous semble lointaine. Pourtant nous y arrivons doucement mais sûrement … Mais bon, vous n’avez rien à vous reprocher n’est-ce pas ?

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Sommes-nous si sûrs de notre belle démocratie ? Nous ne pouvons pas prédire l’avenir, mais nous savons que le pire n’est jamais impossible. L’instabilité de nos approvisionnements énergétiques, en matières premières, les futures crises économiques ou écologiques… La situation actuelle peut mener à diverses formes de totalitarismes.

Il est dangereux de donner trop d’informations, donc de pouvoir, à des gens que nous ne contrôlons pas. Pourtant nous avons moins peur du fichage que d’Al-Qaïda.

La sécurité en marche

Le fichage ADN, les caméras de surveillance, la restriction de nos mouvements dans l’espace public, l’omniprésence de représentants de la sécurité… sont tous issus de l’idéologie sécuritaire. C’est ce que nous avons développé dans la première partie. Voyons par exemple ce que nous avons pu observer au sein de notre école sur une période de quelques années :

cerisier mouchard

 

  • Restriction des horaires d’ouvertures de l’UTC : d’abord illimités, puis 23h, 22h30 maintenant 22h et qui sait bientôt, les portes seront fermés à la fin des cours.
  • Complexification des procédures de réservation de salle.

 

Mise en place de grillages autour de Royallieu et contrôle des entrées et sorties par carte. Les prétextes de sécurité sont fallacieux : on peut rester bloqué à l’intérieur sans sa carte.

  • Mise en place de caméras de surveillance
  • Présence renforcée des agents de sécurité
  • Il n’y a plus de salle informatique ouverte 24h/24, fermetures de toutes les salles le week-end.
  • De plus en plus de portes bloquées et des procédures qui trainent pour obtenir des accès.
  • Mise en place de barrières dans le parking de BF.

what are you doing

Les règles changent vite et les étudiants oublient rapidement. Pour notre bien, l’UTC se sécurise. Mais cela coupe les relations avec la ville et nous sommes de plus en plus dans notre bulle. L’UTC nous infantilise alors qu’elle prétend faire de nous des ingénieurs autonomes et débrouillards.

Nous nous inquiétons de ce qu’elle va devenir. Bientôt faudra-t-il badger à chaque entrée et sortie, verrons-nous nos absences et retards immédiatement enregistrés sur un système informatique globale ?

Pour justifier ces changements les normes de sécurité sont invoquées. Ces dernières sont présentées comme obligatoires ou nécessaires comme couverture juridique. Nous dénonçons cet état de fait. Premièrement ces normes sont drastiques et visent une sécurité totale qui est illusoire. Deuxièmement il est clair qu’elles sont appliquées avec un zèle certain et conscient  à l’UTC.

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Un grand merci pour notre ami de Paris qui nous a apporté ses dessins. Son blog:

http://markantinus.blogspot.fr/

Version téléchargeable en pdf: tract 14 De quoi avons nous peur

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