Il s’agit d’un projet d’exploitation de 1000 vaches laitières et 700 veaux dans la Somme, à 130 km de Compiègne. C’est une ferme-usine assortie d’un méthaniseur sur 8500 m². L’idée est d’y produire de façon industrielle et intensive du lait, de la viande et du biogaz (méthane).
L’enjeu de la ferme des 1000 vaches est de taille : faire rentrer dans la normalité ce genre d’exploitation. Cela permettrait de créer un précédent sur lequel les lobbies pourront s’appuyer afin que ces pratiques se généralisent. Il n’existe en effet pas encore d’exploitation de cette taille en France. Cette première étape d’augmentation de rentabilité cache cependant bien des vices :
Conditions de vie des vaches : On peut bien sûr parler de l’élevage en batterie et du passage à l’abattoir dont on ne cesse de faire la critique : les veaux nés de l’industrie du lait passent les huit premières semaines de leur vie seuls dans des cases individuelles souvent à peine plus grandes qu’eux et parfois sans litière. Ils sont nourris de lait entier, de lait en poudre reconstitué et d’aliments composés. Ces veaux sont ensuite généralement élevés en batterie. De plus, ils sont volontairement anémiés pour que leur chair soit claire afin de répondre aux habitudes des consommateurs. Alors que les bovins ont une espérance de vie d’au moins 20 ans, les vaches laitières sont généralement tuées au bout de cinq ans. Après une moyenne de 2 ou 3 vêlages et une production de lait intensive, épuisées, malades, blessées ou stériles, les vaches sont conduites à l’abattoir : presque la moitié de la viande de bœuf provient des vaches laitières.
Mais parlons aussi de cette production intensive de lait : si le lait coule à flot c’est parce qu’à partir de leurs 2 ans et tous les 12 mois environ, les vaches laitières sont inséminées artificiellement et donnent naissance à un veau. Sélectionnées génétiquement pour produire toujours plus de lait, une vache produit aujourd’hui en moyenne 8 400 litres de lait par an soit 3 fois plus qu’en 1950. Cette sélection pour les intérêts de l’Homme entraine des espèces animales fragilisées et souffrant d’autant plus. Pendant leur grossesse, les vaches laitières continuent à être traitées. Conséquences de cette surexploitation : mammites (infections des pis) et boiteries très courantes, troubles métaboliques et de la fertilité.
1 mois et demi après l’arrivée de 400 vaches laitières dans cette ferme, 7 étaient déjà mortes !
Médicaments : On l’a vu, la promiscuité et les conditions de vie des vaches en règle générale les rendent fragiles et souvent malades. En parallèle on administre de nombreux traitements médicamenteux préventifs que l’on retrouve dans le lait et la viande.
Alimentation : 50% de l’alimentation du bétail français provient de cultures OGM d’Amérique du Sud, abondamment traitées aux pesticides. L’alimentation des vaches est composée de : 25% de foin, 25% de tourteaux de soja, 50% d’ensilage de maïs. Il faut en tout 40kg de nourriture/jour/vaches. Les cultures qui nourrissent nos vaches participent à la déforestation et à la stérilisation des terres de la forêt Amazonienne. Ainsi pour la production de l’alimentation du bétail des pays du Nord, les multinationales agroalimentaires s’accaparent ces terres des pays du Sud, favorisant ainsi les problèmes de souveraineté alimentaire.
Déjection : Il est prévu d’épandre les bouses sur 3000 ha (=superficie des 12 premiers arrondissements de Paris). Cela constitue une pollution majeure des nappes phréatiques.
Projet subventionné : Etant donné que la ferme-usine fait de la méthanisation (objectif affiché de 1,5MW), elle sera subventionnée en tant que productrice d’« énergie renouvelable ». Ces subventions permettront d’inonder les marchés de lait (production prévue de 8 millions de litres/an). Par le jeu de la concurrence, on détruira ainsi les fermes actuelles pour généraliser ce modèle. Sans ces subventions, le prix du lait ne serait pas si avantageux.
Tout s’industrialise pour augmenter la rentabilité. Le corps de la vache ne fait pas exception. L’augmentation perpétuelle de la taille des fermes s’accompagne d’un esprit de transformation de l’animal en simple machine. Pour faire accepter cette logique, des théoriciens capitalistes de mauvaise foi avanceront en premier lieu les arguments du prix, de l’emploi et des conditions de vie des animaux. Arguments que nous venons justes d’invalider.
Une fatalité ?
Le législateur a donné à la ferme des 1000 vaches l’autorisation actuelle d’avoir 500 vaches laitières. Seulement 500 grâce aux luttes déjà existantes, mais déjà 500. Seule une mobilisation importante pourra empêcher l’augmentation de la taille de cette structure, voire permettre la destruction de celle-ci. Déjà des laiteries refusent d’acheter le lait de cette ferme, des individus manifestent, même se lancent dans des opérations de désobéissance civile (démontages sur le site) pour se voir ensuite refuser toute considération de la responsabilité collective d’un tel acte. A coup d’amendes et de peines de prison, la « justice » prend le parti de décourager les luttes actives, preuve s’il en est que la mobilisation citoyenne, peu importe sa forme, a le pouvoir de bousculer la logique actuelle du profit.
Version modifiable: tract 55 vf 1000 vaches
Version pdf: tract 55 1000 vaches