Au fin fond de la forêt amazonienne, sur le Rio Xingu se profile un engin de destruction massive. Son nom : Belo Monte. Son rôle : « produire de l’énergie propre »… Enfin… propre. Tout est une question de point de vue. Quelques mots clé pour présenter le débat? Exploitation de minerais, émission de 112 millions de tonnes métrique de C02. Manque de ressources pour les populations locales. Ami Larousse, que dis-tu ? Propre : « Qui est honnête, qui est irréprochable moralement ». C’est ce que je disais, nous n’avons pas tous la même définition.
Imaginez… un barrage, le 3e plus grand du monde, construit par le Brésil pour former un lac de retenue de 1225 km² et fournir 15000 W pour un coût de 11 Milliards de dollars selon le gouvernement et 516km², 11000W et entre 19 et 30 Milliards selon les faits. Prétendant au titre du barrage le plus inefficace, ce gouffre financier supporté par le gouvernement brésilien aura une moyenne de production de 39% sur l’année !
Pourquoi une si faible efficacité ? Tout simplement à cause de la nature même du fleuve Rio Xingu, le plus irrégulier des grands affluents de l’Amazone. Le débit, très irrégulier, peut en effet être multiplié par 15 entre période de crue et période de basses eaux.
Rivière dite « à eau claire » (c’est à dire translucide et au pH compris entre 4.5 et7.5), le Rio Xingu est aussi un biotope particulièrement accueillant pour les plantes et autres êtres vivants directement menacés par le projet de barrage. Selon une étude récente, ce ne sont pas loin de 819 types[1] de poissons qui courent le risque de disparaitre des eaux brésiliennes, sans compter les 30 à 40% d’espèces inconnues. Espèces dont certaines sont très fortement endémique de bassin particuliers et le Rio Xingu n’échappe pas à la règle. Si la productivité est fonction du nombre d’espèces mises en danger, on peut comprendre que ce Belo Monte soit le rêve des investisseurs.
Mais le véritable rêve, ce sont les autochtones qui le vivent, dont la parole est portée par le Cacique Raoni. En voie d’extinction, menacés de famine et d’acculturation ils sont ceux que l’on ne veut pas voir dans cette joyeuse entreprise. Loin d’être les sauvages idiots que nous présentent les médias, ils représentent la vie de la forêt amazonienne, ayant au fil des ans, réussi à en tirer le meilleur sans lui faire subir le pire.
Mais que faire quand une minorité dérange ? La détruire. Ainsi non content de détruire l’environnement amazonien, le projet de barrage a provoqué un déchirement du tissu social dans la région d’Altamira[2] et une augmentation sans précèdent des actes de violence, provoqués par les déplacements de populations dus aux travaux, sans oublier la répression violente envers les manifestants qui luttent contre le projet. On compterait selon le CIMI pus de 1700 actes de violences dont 60 assassinats envers la communauté autochtone qui ont couté la vie à certains des plus fervents défenseurs des droits des peuples d’Amazonie.
Et ça ne s’arrête pas là ! Au beau milieu du chantier les esclaves ouvriers travaillent dans des conditions horribles. Horaires, insalubrité, peur et traitements inhumains sont tant de motifs aux grèves qui émaillent les travaux. Résultat : Licenciement de plus de 200 ouvriers en 2011 et répression musclée de 7000 autres en 2012.
Répression ? Oui mais par qui ? Et c’est là que le bât blesse…Par l’état brésilien qui se fait le complice de ce théâtre de l’horreur dans l’indifférence de l’ONU qui préfère se bander les yeux plutôt que de freiner un projet si ambitieux, symbole de la croissance et de la réussite d’un « nouveau pays développé ».
Mais fermer les yeux, c’est une chose, prendre part à ce désastre, c’en est une autre. Cela n’a pourtant pas l’air de gêner nos chères entreprises françaises comme GDF Suez[3], Alstom, et EDF. Soutenues activement par l’état français, actionnaire à 32.34% de la première et à 85% de la dernière, nos fiertés nationales « adhérant à la norme ISO 14001[4] », entendent bien tirer profit de ce projet taché du sang des opposants et cancer du poumon de notre Terre.
[1] http://www.ihu.unisinos.br/entrevistas/34546-belo-monte-e-o-risco-de-extincao-dos-peixes-do-xingu-entrevista-especial-com-paulo-buckup
[2] Selon Antonia Melo, porte-parole du Mouvement Xingu Vovo Para Sempre
[3] Couronné en 2010 comme entreprise la plus irresponsables en matière d’environnement
[4] La famille ISO 14000 répond à cette question en traitant de divers aspects du management environnemental. Elle donne des outils pratiques aux entreprises et organisations qui souhaitent identifier et maîtriser leur impact sur l’environnement, et constamment améliorer leur performance environnementale
Tract maquété V modifiable: Tract 54 Belo Monte
Tract V pdf: Tract 54 Belo Monte